Congeler ses ovocytes : liberté, pression… et réalité du quotidien des femmes en 2025
Entre avancée médicale, organisation personnelle et injonctions modernes, « Congeler ses ovocytes » où en est-on vraiment ?
Depuis 2021, les femmes françaises peuvent choisir de congeler leurs ovocytes sans raison médicale, gratuitement, jusqu’à l’âge de 37 ans. Une révolution dans l’accès au choix reproductif, destinée à offrir du temps, de la sérénité et plus de contrôle sur une maternité souvent chamboulée par les études, la carrière, ou… simplement la vie.
Mais derrière cette avancée, les témoignages et les chiffres montrent une réalité bien plus ambivalente : délais interminables, charge mentale, pressions sociales, et un discours de “liberté” qui, parfois, ressemble davantage à une nouvelle injonction adressée aux femmes.
Pourquoi cette avancée est importante
Pour beaucoup, la possibilité de congeler ses ovocytes représente :
- une forme d’émancipation face au temps biologique,
- un moyen de gagner en sérénité,
- une option médicale en cas d’évolution de leur situation personnelle.
En Seine-et-Marne, de nombreuses femmes (notamment à Melun, Meaux, Chelles ou Fontainebleau) se renseignent auprès de leurs gynécologues ou médecins généralistes… et se retrouvent souvent confrontées aux mêmes difficultés qu’ailleurs.
Mais la réalité actuelle est plus complexe
En 2024, 13 mois d’attente pour un premier rendez-vous dans certains centres.
Résultat : des femmes de 35 ans se voient refuser la procédure… pour cause de délais trop longs.
Le succès du dispositif a créé un embouteillage médical :
15 550 demandes en 2024
… mais seulement 5 127 prises en charge
Le tout dans un contexte où les maternités sont de plus en plus tardives :
Âge moyen du premier enfant : 29 ans en 2024 (contre 24 ans dans les années 70).
Et pourtant : très peu de femmes utiliseront réellement leurs ovocytes congelés
Selon les chercheurs et spécialistes interrogés, la plupart espèrent encore une maternité “naturelle”.
La congélation devient alors un plan B émotionnel, une assurance mentale… et parfois un acte réalisé sous pression.
Ce que les femmes décrivent :
- un protocole physiquement difficile (douleurs, piqûres quotidiennes, fatigue),
- une charge mentale totale (seule face aux rendez-vous, aux injections, aux doutes),
- une procédure parfois minimisée dans l’espace public et même médical.
Cette minimisation, beaucoup de femmes en parcours PMA — y compris en Seine-et-Marne — la connaissent bien. C’est aussi pour cela que Business77 avait consacré des articles aux mutuelles santé, au suivi médical, et au besoin de mieux accompagner les femmes dans leur santé globale.
Une avancée féministe… ou une injonction moderne ?
Les anthropologues le rappellent :
« Beaucoup se lancent en réponse à une pression sociale : il vaut mieux devenir mère tard que jamais. »
La congélation peut parfois prendre la forme d’une “discipline fertile” :
- gérer son corps,
- optimiser son projet de maternité,
- ne surtout pas “laisser filer la fenêtre biologique”,
- anticiper l’absence de partenaire,
- compenser les inégalités dans la charge reproductive.
Et certaines se retrouvent à congeler “au cas où”, alors même qu’elles ne sont pas sûres de vouloir un enfant.
Congeler ses ovocytes : quand le capitalisme reproductif s’en mêle
Aux États-Unis, certaines grandes entreprises financent déjà la congélation d’ovocytes de leurs employées pour… qu’elles fassent des enfants plus tard.
Objectif non avoué :
- fidélisation
- productivité
- maternité repoussée
En France, rien de tel officiellement.
Mais le vocabulaire utilisé (“capital fertilité”, “stock d’ovocytes”, “optimisation”) montre bien une tension entre soin et performance.
Et derrière tout ça, un enjeu démographique
Certains spécialistes voient dans cette mesure un outil du fameux “réarmement démographique” évoqué par Emmanuel Macron.
En Israël, la congélation d’ovocytes est massivement financée… afin de soutenir la natalité nationale.
La France n’en est pas là, mais les signaux existent :
- congés parentaux très courts,
- manque de crèches,
- inégalités professionnelles persistantes,
- chute de la natalité depuis 10 ans,
- âge du premier enfant reculé chez les hommes (presque 34 ans).
Difficile alors de parler d’émancipation totale quand les structures ne suivent pas.
Congeler ses ovocytes en Seine-et-Marne ?
Les femmes du département rencontrent les mêmes problématiques que dans le reste du pays :
- accès limité aux centres agréés,
- délais longs,
- peu de structures d’accompagnement (psychologues, conseillères PMA),
- charge mentale souvent assumée seule.
D’où l’importance :
- d’être bien informée,
- d’être bien entourée,
- de connaître ses droits,
- de disposer d’une mutuelle adaptée aux examens, bilans et suivis.
Qu’est-ce qu’il faut retenir sur le sujet de la congélation d’ovocytes ?
La congélation ovocytaire n’est ni un piège, ni une solution miracle.
C’est :
- un droit,
- une option,
- un outil possible,
- une ouverture pour les femmes qui en ressentent le besoin.
Mais ce n’est pas une réponse aux inégalités sociales, aux retards médicaux ou au manque de soutien à la parentalité.
Publié le 18 novembre 2025